Rentrée Parlementaire : ouverture de la deuxième session ordinaire de l’année 2020
Le Président de l’Assemblée Nationale, Faustin Boukoubi, a ouvert mardi 01 Septembre 2020, les travaux de la deuxième session ordinaire de l’année à Libreville. Cette séance inaugurale dirigée par le premier responsable de cette institution, Faustin Boukoubi, s’est tenue en présence du Premier ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda, les membres du gouvernement, ainsi que d’autres responsables d’institutions de la République.
Après deux mois de vacances parlementaires, les députés ont repris leurs activités à l’issue de l’ouverture de deuxième session ordinaire de l’année. Ouvrant la séance et la session, le président de l’Assemblée nationale, Faustin Boukoubi, a d’entrée, félicité Rose Christiane Ossouka Raponda, première femme nommée aux prestigieux fonctions de Premier ministre en République gabonaise, avant de jeter un regard global sur la situation socioéconomique du pays.
Il a, entre autres, parlé de la création d’emplois ; la réalisation des infrastructures : routes, voirie, l’amélioration de conditions de vie des gabonais: notamment, l’accès à l’éducation, aux soins de santé, logement, eaux et électricités, etc. Enfin, le patron de l’assemblée nationale a appelé l’ensemble des élus nationaux à travailler avec assiduité et efficacité sur les différents projets de textes soumis à leurs appréciations.
Lire ci-dessous l’intégralité du discours prononcé par le Président de l’Assemblée nationale à l’ouverture de la deuxième session ordinaire.
Excellences, Mesdames et Messieurs ;
Honorables Députés et Chers collègues.
J’aurais tant aimé que mon propos introductif commençât par une tonalité plus enthousiaste que l’évocation de souvenirs douloureux. Cependant, aussi désagréable que soit ce devoir, les week-ends de circonstances malheureuses traversées par notre institution depuis la fin de la précédente session m’amènent une fois de plus à solliciter votre compassion en rendant hommage debout, à nos chers collègues et à de nombreux concitoyens disparus ces derniers mois. Merci beaucoup.
Madame le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
Madame le Président du Sénat ;
Madame le Président de la Cour Constitutionnelle ;
Messieurs les Présidents des Institutions Constitutionnelles ou leurs représentants ;
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
Monsieur le Doyen des Chefs de missions Diplomatiques et consulaires ;
La solennité de cette cérémonie républicaine, organisée en application de l’Article 41 de notre Loi Fondamentale, confère une fois de plus à ma modeste personne, le privilège de vous souhaiter, au nom du Bureau de l’Assemblée Nationale et de l’ensemble des Députés, la plus cordiale bienvenue dans cet hémicycle dont le caractère provisoire se prolonge du fait des circonstances malheureuses qui sévissent à travers le monde sans épargner notre cher Gabon.
Aussi est-ce avec une vive reconnaissance que je viens vous adresser mes plus chaleureux remerciements pour l’honneur que vous faites à notre Institution, et à travers elle, à l’ensemble de la nation gabonaise, en prenant une part effective à l’ouverture de la deuxième session ordinaire 2020. Nous nous félicitons de la constance de la majorité des illustres personnalités qui nous honorent une fois de plus, réaffirmant ainsi leur attachement aux institutions de la République.
Dans ce registre, sans préjudice des dispositions de l’Article 28a de la Constitution qui l’obligent à
soumettre incessamment à l’appréciation de la Représentation nationale, son programme de politique générale, nous saluons la présence du nouveau Premier Ministre, dont la particularité du genre réjouit plus d’un. Un atout non négligeable arrivant à point nommé, par les temps qui courent. Madame le Premier Ministre, vous venez de franchir la première étape de votre promotion aux très hautes fonctions de Chef du Gouvernement, bénéficiant ainsi de la clairvoyance et la confiance déterminante du Chef de l’Etat, à qui bon nombre de compatriotes disent merci.
Veuillez d’ores et déjà recevoir nos félicitations provisoires, en attendant le verdict final dont la
Constitution nous confère le privilège.
Appelée à « conduire la politique de la Nation sous l’autorité du Président de la République », aux termes de l’Article 28 de la Constitution, les instructions de ce dernier constitueront votre boussole. Du reste, son allocution du 16 août dernier, à l’occasion du soixantième anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance, a été édifiante et sans ambiguïté. Il va sans dire que le même Article 28 détermine votre double responsabilité, à la fois devant le Président de la République et devant l’Assemblée Nationale, dont vous solliciterez à son tour la confiance dans les tout prochains jours.
Je m’en voudrais de ne pas mettre à profit cette occasion pour remercier votre prédécesseur, l’Honorable Collègue Julien NKOGHE BEKALE, avec qui nous avons entretenu une très cordiale collaboration. Au moment où ce dernier regagne la maison-mère, qu’il trouve ici l’assurance de notre disponibilité à poursuivre ensemble notre contribution à l’œuvre de construction de la nation. Revenant à Madame le Premier Ministre, c’est avec impatience que nous attendons l’échéance constitutionnelle de la présentation de votre programme de politique générale.
Sur saisine du gouvernement, la Cour Constitutionnelle, dans son Avis N°048/CC du 04/08/2020 en a fixé le dernier délai au 6 septembre 2020, indiquant que la date de la prestation de serment par votre gouvernement constituait le point de départ du délai de 45 jours, dans lequel vous avez l’obligation constitutionnelle de passer devant la Représentation Nationale. De ce fait, sous réserve de l’approbation par la conférence des Présidents, les Députés vous recevraient Vendredi 4 septembre 2020 à 14H00.
L’occasion sera ainsi donnée à la représentation nationale, de découvrir votre approche de la mise en œuvre de la politique du Président de la République et de vous exprimer les préoccupations qui nous animent, ainsi que les rêves de nos mandants. En effet, votre nomination ne fait pas jubiler que des féministes. Visiblement, notre machisme traditionnel relève plutôt du passé. Bien que par pragmatisme, certains d’entre nous n’étalent quasiment jamais leurs rêves, il n’en demeure pas moins que votre arrivée à la tête du gouvernement fait rêver de nombreux concitoyens.
Alors, pour paraphraser un illustre guide spirituel, « qui suis-je ? » pour empêcher mes compatriotes, d’exprimer leurs rêves dont les plus marquants ont été déjà notifiés aux élus nationaux à l’occasion des nombreux échanges pendant l’intersession qui s’achève ? Au contraire, compte tenu de l’importance des attentes de la population, j’ai plutôt intérêt à m’empresser de vous en présenter un aperçu sommaire, au moment où vous préparez vraisemblablement votre mémoire de politique générale. En fait, j’ai le devoir de vous réitérer des préoccupations dont vous étiez déjà imprégnée en tant qu’ancien DG de l’Economie, ancien édile de la capitale gabonaise, et ancien membre du gouvernement.
A les entendre, des Gabonaises et Gabonais qui s’enthousiasment de la nomination de « la première femme Premier Ministre » dans notre pays, pendant la décennie de la femme en plus, voient dans leurs rêves que le Chef de l’Etat a finalement déniché l’ultime perle rare susceptible de concrétiser l’aboutissement du programme sur la base duquel ils lui ont accordé leur confiance ; Des Gabonaises et Gabonais rêvent que le redressement effectif de l’économie et partant, la préservation, voire la création d’emplois ; la réalisation des infrastructures : routes, voiries… ; l’amélioration de leurs conditions de vie, notamment : davantage d’accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’emploi ;
A cet effet, s’il est avéré que le rôle du SAMU SOCIAL, de plus en plus perceptible dans l’opinion contribue à l’efficacité du service public de santé, l’Etat devrait y accorder davantage d’attention. Il en est de même des établissements privés d’éducation et de formation, tous ordres confondus, dans un contexte où l’offre de service public est notoirement insuffisante. Tout comme un meilleur encadrement du secteur informel permettrait la création d’emplois vitaux. Des Gabonaises et Gabonais se persuadent sous l’autorité du Chef de l’Etat, un gouvernement dirigé par une femme apportera des solutions aux problèmes récurrents d’eau, d’électricité, d’habitat, d’alimentation, au besoin de la culture et des activités sportives, ainsi qu’au développement du numérique ;
Des Gabonaises et Gabonais paraissent également voir dans leurs rêves que les principaux artisans de la mise en œuvre de la politique du Président de la République sur la consolidation de l’Etat de droit, avec comme corollaires notamment la justice, le civisme, le respect de la déontologie, de l’intégrité et des autres valeurs cardinales, porteront un visage féminin ;
La « MATERNITE ALLAITANT », sceau de la république gabonaise, judicieusement introduit dans notre Loi Fondamentale grâce à la perspicacité des pères fondateurs de notre nation, inspiré certainement les Gabonaises et les Gabonais qui s’extasient dans leurs rêves, de voir votre sensibilité de mère et d’épouse, contribuer résolument au rejet de l’antipathie et de l’antipatriotisme, au rapprochement de tous les enfants de la patrie, à la consolidation de la CONCORDE, afin que nous œuvrions à l’unisson, à l’édification d’un GABON prospère, et à l’essor de notre nation vers la Félicité !
Madame le Premier Ministre, en prétendant vous révéler ainsi les légitimes rêves des Gabonaises et des Gabonais, à l’orée de votre entrée en fonction, je nourris le secret désir de vous prévenir que si, à la suite du Président de la République, les élus Nationaux venaient à vous accorder leur appui et leurs précieux encouragements, ils attendraient en retour que vous vous fassiez un point d’honneur de répondre, par votre détermination et votre patriotisme, par les efforts inlassables et les progrès de votre gouvernement, à pareille sollicitude. Le chantier est immense certes, mais impossible n’est pas féminin !… Un de mes chers aînés, que nul n’ignore…, a coutume de dire : MISU BALA !!! Autrement dit, la vigilance restera de mise.
C’est dire que nous ne dérogerons pas à notre rôle constitutionnel de contrôle et d’évaluation. Nous restons humblement persuadés, à l’instar de Napoléon Bonaparte que, je cite : « L’Amour de la Patrie est la première vertu de l’Homme civilisé. » Plus qu’un devoir républicain, la réussite dans l’exercice de nos attributions respectives consiste à servir ou à tout le moins, à préserver les intérêts de notre pays et partant, ceux de nos partenaires, quitte à ne recevoir la reconnaissance qu’à titre posthume, comme c’est malheureusement souvent le cas.
A contrario, même si comparaison n’est pas raison, les précédents sont légions à travers le monde, pour rappeler à chacun de nous que d’éventuelles turpitudes de certains peuvent compromettre indubitablement le sort de tous. « C’est ça les retombées ! », dixit mon fils MAYOMBO. Quant à Monsieur le Doyen du Corps Diplomatique et Consulaire, votre présence constitue un nouvel acte d’encouragement sur lequel nous savions déjà pouvoir compter. Je vous en remercie. La solidarité fraternelle que les Etats africains n’ont de cesse de manifester à notre égard, ne nous surprend guère, au vu des étroites relations qui unissent nos pays.
A travers vous, je remercie également les missions diplomatiques non africaines et les organisations internationales, absentes ce matin pour des raisons évidentes de respect de la distanciation physique, mais que vous représentez. J’en profite pour réitérer nos sincères condoléances et notre compassion au peuple ami du Liban qui vient de subir un désastre humain. Nous apprécions à sa juste valeur, le soutien que les uns et les autres apportent aux inlassables efforts déployés par notre pays, en vue de la consolidation de la paix, de la démocratie, du progrès économique et du bien-être de la population.
L’expression de tous ces soutiens, sous diverses formes constructives, m’amène à me remémorer cette pensée d’une personnalité française parmi les meilleurs connaisseurs de l’Afrique, Monsieur Michel Roussin, pour ne pas le citer qui, dans son livre intitulé AFRIQUE MAJEURE écrit notamment : « Je réalise alors que notre action, pour être efficace et accompagner l’Afrique sur la voie du progrès, doit obéir à trois principes fondamentaux : la confiance, la stabilité et la rigueur. La confiance, en nouant avec chacun des Etats un dialogue, sans complexe et sans ambiguïté, respectueux de l’autre comme de nos intérêts réciproques. La stabilité car rien de durable ne peut être construit sans sécurité, sans soutenir l’ouverture des Etats vers le pluralisme et la transparence. La rigueur, enfin, en dégageant des priorités adaptées aux besoins de nos partenaires pour mieux concentrer nos moyens, tout en nous fixant une obligation de résultats. »
Mesdames et Messieurs, nous ne rendrons jamais assez hommage, à notre tour, aux personnels de santé, civils et militaires qui, au prix de maints sacrifices, s’évertuent à prendre soin de nous et à préserver notre santé. Nous nous félicitons de l’initiative du Chef de l’Etat de leur octroyer une prime de risque covid.19.
En respectant les mesures barrières et en prenant toutes les précautions hygiéniques appropriées, c’est une manière pour nous tous de les remercier et les encourager, dans la riposte contre cette pandémie immonde, ainsi que dans la prise en charge d’autres pathologies.
Deux autres catégories d’Agents publics méritent également notre attention : les personnels de
sécurité et de défense, ainsi que les Communicateurs.
Les Agents de sécurité et de défense, quoiqu’on en dise, travaillent nuit et jour à assurer
laborieusement la sécurité des personnes et des biens, bravant les intempéries ou les flammes et
délaissant leurs familles. Si les contempteurs de ces services ne les perçoivent que sous le prisme de l’inefficacité, peuvent-ils imaginer ce que seraient nos villes sans sécurité ? Les Communicateurs quant à eux contribuent résolument au relais des nécessaires messages d’éducation et de sensibilisation. Toutefois, il convient de parer à la prolifération « d’infox » nuisibles.
Véhiculées à travers des anonymes, derrière lesquels se camouflent parfois des cadres d’une même écurie, ces pratiques de désinformation sont susceptibles de semer la confusion, la discorde, voire la division, tout en dégringolant les revenus des organes de presse pourvoyeurs d’emplois. A cet égard, il importe de dynamiser le fonctionnement de la Haute Autorité de la Communication dont la situation financière préoccupante mérite une attention soutenue, si on veut lui faire jouer pleinement et judicieusement le rôle de régulateur du secteur.
Honorables Députés, Chers Collègues,
Je crois savoir que vous avez passé une intersession assez peu reposante, plutôt laborieuse, et dans tous les cas, fructueuse, qui vous a permis de côtoyer, écouter, édifier et assister nos concitoyens. Dans mon adresse à l’occasion de la clôture de la première session 2020, je vous ai sensibilisés sur la délicatesse de notre mission qui nous place comme on le dit de manière triviale, entre le marteau et l’enclume. Je suis persuadé qu’il n’échappera guère à Madame le Premier Ministre, la nécessité de soumettre à notre appréciation avec diligence, les projets de textes aussitôt disponibles, notamment les ordonnances prises pendant l’intersession et la Loi de Finances Initiale 2021, afin d’éviter la précipitation préjudiciable en fin de session.
De même, permettez-moi de vous rappeler que la dichotomie de la conciliation des missions
multidimensionnelles des Députés, qui sont de légiférer, de servir de courroie de transmission entre la population et l’Exécutif, et d’accompagner de manière solidaire nos électeurs, avec leurs engagements extraparlementaires respectifs, n’est pas une exclusivité du Gabon. L’essentiel, c’est d’intégrer et gérer rationnellement, avec dextérité, l’implacable réalité selon laquelle notre image est intimement liée, non seulement à la pertinence de nos actes, mais également à la posture de nos organisations respectives.
Une carence d’informations ou un simple malentendu peuvent provoquer des conséquences incommensurables, dont nous serions, à tort ou à raison, les premières cibles. Surtout lorsque les autorités compétentes ne s’y emploient pas de manière satisfaisante, notre devoir est de nous atteler à l’information, la sensibilisation, voire la clarification nécessaire des situations engendrant la confusion au sein de l’opinion et susceptibles de porter préjudice à la cohésion nationale.
Du reste, les comptes rendus des travaux parlementaires constituent une de nos obligations statutaires. Nous devons éclairer la lanterne de nos concitoyens, et au-delà, de ceux qui s’intéressent à notre beau pays.
Par contre, il est de bonne guerre que des compatriotes qui aspirent à conquérir les suffrages du peuple et assouvir leurs ambitions par tous les moyens, s’obstinent à avilir notre image, allant jusqu’à renier l’action pourtant audible des groupes non majoritaires. Pour nous consoler, espérons que comme nous, les détracteurs des Parlementaires s’expriment tout de même par patriotisme et que seuls les paradigmes divergent.
Enfin, très chers Collègues,
Le pire, je l’espère, est derrière nous, notamment en termes de deuils, de scandales, de dégradation de la situation socioéconomique, financière et politique. Les expériences des autres constituent indéniablement des leçons de vie. Faire preuve de sagesse et de dextérité consiste à s’inspirer des réussites, tout en esquivant les facteurs générateurs des événements désastreux. A cet égard, la recrudescence de la propagation du virus dans des pays mieux équipés est riche d’enseignements.
Ainsi, autant nous exhortons le Gouvernement à réunir les conditions d’une relance effective de l’économie, en vue notamment de la création d’emplois et du développement des infrastructures, autant nous aurions tort de relâcher précocement les efforts de lutte contre la propagation de la pandémie du coronavirus, qui est loin de connaître son épilogue à travers le monde.
De ce fait, Chers Collègues, Mesdames, Messieurs, demeurez précautionneux, veillez au respect des mesures barrières et prenez soin de vous. EN TOUTE CONSCIENCE, DONNONS LE MEILLEUR DE NOUS-MEMES, AFIN DE MERITER l’AMOUR DONT DIEU A TANT FAIT PREUVE EN FAVEUR DE NOTRE CHER GABON. Sur ce, je déclare ouverte la deuxième session ordinaire 2020 de l’Assemblée Nationale.
Je vous remercie.
Assemblée nationale/lafuitedelinfo.com